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Pluie de Souvenirs
8 février 2016

Les boîtes

Comment faire pour se poser ? Pour réfléchir ? Prendre du recul ?

Tout se bouscule dans la tête, tout se téléscope. Mille idées à la seconde, mille soucis, mille bonheurs. Il faut essayer de canaliser cette énergie, qui parfois est mauvaise. Qui parfois fait reculer, fait hésiter. En tout cas, elle ne fait pas avancer.

Totu s'entrechoque, dessiner, écrirer, peindre, courir, broder, coudre, lire, travailler, et parfois dormir. S'allonger enfin et repenser à tout ce que l'on a pas fait, ce que l'on fera. Courir en pensant à ce qu'on va écrire et qu'on a déjà oublié. Trouver la merveilleuse idée, la phrase parfaite qui nous fera sortir de cet anonymat, qui nous rendra célèbre. Qui fera enfin de nous la star qu'il a toujours voulu qu'on soit. Etre à la hauteur de ses espérances, le satisfaire, qu'il soit enfin pleinement fier de nous, de ce qu'il attend de nous. Atteindre l'inatteignable, s'épuiser, reporter cette exigence, cet inaccessible sur cet enfant qui grandit, qui devient, et l'épuiser à son tour...

Quelque fois je me dis qu'il faut que je me calme, tout cela me fatigue énormément, une mauvaise fatigue, nerveuse, celle qui ne vous fait pas passer de bonnes nuits.

Je fatigue tout le monde. Alors je me fatigue physiquement. Et je suis encore plus fatiguée. Tu es tout le temps fatiguée, ils me disent tous. Oui, je suis perpétuellement fatiguée. Fatiguée de crier, d'ordonner, de ranger, de contredire. Trouver la paix dans ce désordre mental. Ranger ce désordre.

J'ai une passion pour les boîtes, toutes les boîtes, je fais même des créations dans des boîtes. J'aime ranger les gens dans des boîtes. Depuis que je suis née, j'aime les boîtes. Quand on partait outre mer, les déménageurs remplissaient une caisse en bois, une caisse maritime. Elle nous suivait, en bâteau, on y mettait un bout de notre vie d'avant. On la retrouvait quelques semaines après notre arrivée. J'adorais le moment où on l'ouvrait : mes jouets, mon bureau, mes gommes, mes poupées, ma grande boîte à trésors arrivait enfin !

Les cantines nous suivaient aussi, kakis, moches, mais avec notre adresse de France dessus. On les a encore, à la campagne. Il y a encore des trésors dedans.

L'autre jour, je suis allée faire mes courses, il y avait un rayon entier avec des cantines. Elles sont belles les cantines maintenant, bleues, customisées. Moi je préfère les miennes, kakies, grises, rouillées parfois.Je les ouvre encore quelque fois.

Dans le film Amélie Poulain, ma scène préférée, qui m'a réellement bouleversée, c'est celle, au début, quand l'ancien locataire de l'appartement d'Amélie ouvre la boîte à trésor qu'a retrouvé Amélie, cachée, enfouie. Ce moment est magnifique : il reconnaît la boîte, l'ouvre, les souvenirs viennent et il pleure de joie. Dans cette boîte, des billes, des voitures, des merveilles en fait.

Quand j'ouvre mes cantines, c'est pareil, je retrouve tous ces souvenirs, mon enfance et je crois, que enfin, je suis sereine....pour un moment.

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